Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
L’AVIATEUR INCONNU

— Logique, mon enfant ! L’Atlantique est très fréquenté, cette époque… Tiens ! tiens ! ajouta le digne homme en se penchant hors de la fenêtre, il est là… il est juste au-dessus de la maison !

— Tu vas tomber, papa, prends garde ! s’écria Elvire.

— Quel malheur qu’on ne puisse faire des signaux !

— À quoi bon… Tu ne prétends pas, j’imagine, inviter cet aviateur à atterrir chez nous, dans le jardin !

Une voix narquoise tomba, de l’étage supérieur.

— Que se passe-t-il donc ? interrogeait Bergemont aîné.

— Mon oncle, c’est un avion ?

— Belle rareté pour vous tenir debout à quatre heures !

— Oh ! toi… commença Félix.

Mais le bruit s’accrut tout à coup de façon telle qu’il requit toute son attention. À travers la brume matinale, l’avion apparut et bientôt s’effaça, prenant de la hauteur et filant vers l’intérieur des terres.

— Un biplan ! s’écria Bergemont cadet.

Maintenant, le bruit diminuait d’intensité. En peu de secondes, il s’éteignit tout à fait.

Les Bergemont retournèrent à leur lit. Dans la journée, on échangea encore quelques phrases au sujet de l’avion, sans y attacher d’importance, mais, vers midi, un gamin se présenta à la villa, porteur d’un objet singulier ramassé par lui sur la plage de Pourville. C’était une petite masse de plomb, en forme de cône et munie d’un anneau auquel était fixé un rectangle de carton portant ces mots en gros caractères.

Hommage à Mlle Elvire Bergemont

Pourville (Seine-Inférieure).


CHAPITRE IV

Décrire la stupéfaction des hôtes de la villa, réunis dans la salle à manger devant le cône de plomb et son étrange étiquette, c’est un effort qui dépasse les mots. Tour à tour, chacun prenait en main l’espèce de projectile, le soupesait, puis examinait la façon dont le message était retenu à l’anneau. Jusqu’aux domestiques, attirés par l’incident