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L’AVIATEUR INCONNU

cet avion, notre état d’esprit à tous quand vous surgissiez dans le ciel pour lancer vos troublants messages.

— Au fait, remarqua Bergemont cadet, c’est la première fois, depuis la dernière visite de Jean-Louis, que nous entendons un avion à pareille heure.

Quelqu’un, le nez en l’air, prononça :

— Il pique droit sur l’Angleterre… Écoutez, le bruit décroît rapidement.

Ces mots étaient à peine prononcés que la rumeur de l’hélice redevenait assourdissante. L’avion, invisible dans la nuit assez brumeuse, revenait certainement vers la terre. Félix Bergemont, étonné, s’écria :

— Mais, c’est tout à fait le manège de l’ancien avion, de celui qui nous a tant préoccupés !

— C’est vrai ! approuva Vernal ; j’accomplissais toujours la même boucle, de manière à tourner autour de la maison.

— Eh bien ! répliqua son futur beau-père, vous avez des imitateurs, mon cher Jean-Louis ! C’est à croire que celui-ci veut voler sur vos brisées !

Déjà le tumulte aérien s’éteignait. Après quelques paroles insignifiantes, nul n’y prêta attention, excepté cependant Bergemont cadet qui, en se frottant les mains, et en ricanant comme Méphisto en personne, glissa dans l’oreille de Tristan ces mots acidulés :

— C’est bien drôle ! Le pilote Vernal a beau être auprès de nous en chair et en os, ça n’empêche pas l’Aviateur inconnu de revenir ! Il faut croire que son avion marche tout seul !… C’est bien drôle !

CHAPITRE XIII

Aurait-on jamais pensé que cette aurore, marquée par le passage dans le ciel de Pourville d’un avion semblable à celui de Jean-Louis dût être l’aurore du triomphe pour Bergemont cadet ? Et pourtant il en fut ainsi, car la matinée s’achevait à peine que deux jeunes gens, deux des invités d’Elvire à la soirée de la veille, sonnaient à la grille et, riant comme des fous, exhibaient aux regards de Mlle Bergemont une pancarte d’épais carton portant ces