Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
L’AVIATEUR INCONNU

Elle finit par s’ouvrir de ses réflexions à Elvire, un matin. Elle lui demanda, d’un ton enjoué à dessein, presque distraits :

— Que te semble de l’attitude à mon égard de M. de Jarcé ? Je le trouve assez assidu, ne crois-tu pas ?

— C’est indéniable, répondit la jeune fille, il ne cherche pas à dissimuler que ta compagnie lui plaît !

— Et qu’est-ce que tu en conclus ?

Elvire la regarda d’un air surpris :

— Mais… je ne sais ! C’est plutôt à toi, Flossie, d’en tirer une conclusion !

— Évidemment… Mais, comprends-moi, darling, je ne suis pas du tout accoutumée aux galanteries des Français, en sorte que ma perplexité est grande. Si M. de Jarcé était mon compatriote, je lirais en lui comme dans un livre et je ferais sans difficulté la part du simple agrément et celle de la recherche sincère. Tandis que la manière française me laisse perplexe… En vérité je ne sais ce que je dois croire !

Ce curieux embarras parut amuser considérablement Mlle Bergemont.

— Voilà qui est inattendu, fit-elle… voyons, tu as bien remarqué le choix de ses paroles et le son de sa voix ?

— Oui, sans doute !

— Est-il ému en te parlant… se montre-t-il inquiet, troublé ?

— Non… Tu sais, il est très maître de lui… et plutôt gai que sérieux !

— Du moins, te dit-il des mots aimables ?

— À profusion !

— Fait-il allusion à une intimité plus accentuée que celle de l’amitié toute simple ?

— Oui, autant qu’il m’est permis d’en juger… Mais ça, Elvire, c’est du flirt !

— Soit… les phrases tendres, cependant…

— C’est du flirt !

— Les regards éloquents…

— Toujours du flirt !

— Ah ! tu me désorientes, Flossie ! Ton expérience du flirt, autrement dit de la stérile coquetterie mondaine, est devenue en toi si absolue qu’elle t’empêche de voir