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L’AVIATEUR INCONNU

confusément que quelque chose d’insolite se préparait. L’Anglaise poursuivit :

— Et si je suis allée à Buchy, c’est parce que diverses observations recueillies par moi et longuement méditées, m’ont donné à croire que l’Aviateur inconnu n’était pas sans relations avec le terrain d’atterrissage qui s’y trouve.

— Vraiment, tu supposes que… commença le père d’El­vire.

— Je n’en suis plus à la période des suppositions. Mon expérience a été entièrement convaincante et j’ai le plai­sir de vous apporter aujourd’hui cette nouvelle considé­rable : Je sais qui est l’Aviateur inconnu.

Ces mots déclenchèrent un triple sursaut de stupéfaction. Bergemont cadet bondit en criant :

— Non, pas possible ?

Tristan modula un « Oh ! oh ! » qui n’était pas exempt d’inquiétude ; Elvire devint toute pâle, à la seule idée que son tourmenteur prenait soudain consistance. Sans attendre qu’ils reprissent leur sang-froid, la tante d’Elvire acheva :

— Je l’ai vu, je lui ai parlé, j’ai acquis la certitude qu’il était animé des meilleures intentions, qu’il adorait Elvire et ne voulait que son bonheur… Bref, j’ai tenu à vous le présenter.

— Tu es folle, interrompit Bergemont aîné. Tu as été jouée par un imposteur. Ce que tu dis est invraisem­blable.

Et Bergemont cadet demandait en même temps :

— Nous le présenter ! Alors, il est à Pourville ?… Tu l’as autorisé…

Flossie montra la porte du doigt :

— Il est là ! Il attend, bien sagement, que je l’invite à vous présenter ses devoirs… Permettez-moi donc de ne pas le laisser se morfondre, et de l’introduire, sans céré­monie.

Sur ce, elle se leva, courut à la porte, et la famille Ber­gemont, abasourdie, se trouva en présence de Jean-Louis Vernal.

Il est impossible de décrire la stupeur que causa cette apparition. Le premier, Bergemont cadet crut à une plaisanterie ; il se tourna vers Flossie en haussant les