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cents au moins sont canadiens. On y trouve environ vingt-cinq revues françaises auxquelles les deux cercles sont abonnés.

Quatre grands concours d’histoire du Canada par année.

De fréquentes conférences avec projections lumineuses sur des sujets historiques ou scientifiques.

Deux sociétés musicales.

Des auditions de pièces classiques françaises entières par le moyen du phonographe, les élèves suivant l’œuvre dans leur recueil. De nombreux exercices d’élocution et de déclamation en vue des représentations dramatiques.

Le tableau ci-dessus nous apprend que dans cette école on consacre six heures et demie à l’enseignement en anglais et vingt-neuf heures à l’enseignement en français, pour le cours supérieur. Au cours intermédiaire, ce temps de l’enseignement en anglais n’est déjà plus que de cinq heures ; il se réduit à deux heures et demie au cours élémentaire et n’a point lieu dans la première année. Or, cette école n’est pas une exception. À l’examen de l’horaire de deux autres écoles on a constaté une semblable distribution du temps. D’ailleurs, on sait que toutes les écoles commerciales de nos grands centres se ressemblent assez. Est-ce là de l’anglicisation ? Peut-être sera-t-on tenté de dire qu’il n’en a pas toujours été ainsi, que cette part restreinte faite à l’anglais est de date récente, qu’on s’est hâté d’apporter des modifications profondes à l’horaire sous la pression du mouvement actuel contre l’anglomanie. Pas de faux-fuyants, s’il vous plaît. « L’Action française » et « Le Devoir» n’avaient pas encore vu le jour que cet horaire était en vigueur depuis nombre d’années. Devant ces faits, je me suis demandé par quel tour de force malgré « la poussée bovine d’un troupeau maigre fasciné par une maigre pâture » (La Rente, 1er  octobre), les maîtres de cette école qu’on dit « intéressés à exploiter le snobisme anglomane des parents» ont pu donner au français ce rôle prépondérant sur l’anglais.

Comment « l’Action française » dans sa mise au point ose-t-elle alors affirmer que « les pères de famille, les commerçants, les publicistes, les politiciens anglomanes n’ont cessé, depuis trente ans, de réclamer à cor et à cri l’enseignement de l’anglais et ont réussi à le faire entrer dans nos programmes scolaires à grandes doses démesurées »… De quels verres grossissants Pierre Homier se sert-il pour déclarer dans l’« Action française » que « notre enseignement commercial unilingue (c’est-à-dire anglais) est de plus en plus répandu » (mai 1919)

Je me suis demandé également comment des maîtres avec un tel programme, soumis à un tel horaire et promoteurs de telles œuvres pouvaient-ils matérialiser l’âme de leurs élèves.

Quant au drainage des fils de cultivateurs vers les villes, par les collèges commerciaux, M. Hector Hamel, dans un de ses articles, nous a montré que