Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 102 —

Il serait malheureux que nous, qui avons tous les avantages, nous allions, par je ne sais quelle fausse conception de l’éducation de l’enfance, introduire de cœur joyeux, dans nos propres écoles, un principe dont personne ne veut, un principe qui fait le désespoir de ceux qui sont forcés d’en subir les tyranniques applications.

F.-X. Ross, ptre.

Le Devoir, 18 septembre 1920.
V
principale cause du mal

Faut-il conclure que les patrons de l’enseignement outré de l’anglais à l’école primaire, poursuivent une idée antipatriotique ? Loin de moi l’idée d’accuser leurs intentions. Je me plais au contraire à rendre hommage à ces éducateurs dévoués qui n’ont en vue que ce qu’ils croient être le plus sûr moyen de préparer l’avenir de leurs élèves. Mais leur affection ne les met pas nécessairement à l’abri des illusions produites par un système défectueux, et ne les protège pas suffisamment contre la poussée d’une opinion mal orientée.

C’est sur ce système et sur cette orientation de l’opinion que je demande permission de soumettre quelques considérations.

L’orientation que l’on veut imprimer à l’école primaire en donnant une place prépondérante à l’anglais, repose sur un fait qu’il faut corriger, et sur une erreur pédagogique qu’il faut redresser. Les deux constituent un danger qui menace de devenir une calamité nationale.

Le fait, le voici : toutes les écoles académiques de garçons dans notre province sont des académies commerciales.

L’erreur pédagogique, qui se dédouble, est la suivante : a) le premier stage de l’école primaire — ce que le nouveau programme appelle l’école primaire élémentaire — doit préparer les enfants à ces académies commerciales ; b) le commerce est anglais.

D’où la conclusion pratique que l’école élémentaire, pour préparer à la vie, doit surtout accentuer la formation dans la langue anglaise.

Parlons d’abord du fait. Il existe, il est visible et n’a pas besoin d’être prouvé : nos académies de garçons sont des académies commerciales. Devons-nous nous figer dans cet idéal, et prendre ce fait comme base de notre culture primaire ? J’en appelle au gouvernement de Québec qui a fondé des écoles industrielles, au ministre de l’Agriculture qui ne cesse