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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


Il n’est pas nécessaire d’avoir observé l’âme humaine avec beaucoup d’attention pour avoir reconnu que sa vie est dans l’amour. L’amour est le mobile de la volonté. Le plus grand malheur pour l’âme c’est de manquer d’un objet déterminé qu’elle puisse aimer ; or, ce malheur est aujourd’hui la destinée commune. Oui, on dirait que tous les sublimes amours s’en vont. La foi, l’enthousiasme, la jalousie de la vraie gloire, les affections de famille, l’amitié, la sympathie, le patriotisme, tous ces instincts célestes semblent se retirer de nous ; mais l’âme ne pouvant cesser d’aimer, se replie sur elle-même. De là cette terrible plénitude de soi, qui, sous la forme de la cupidité ou de l’ambition, produit une guerre sourde entre tous les membres de la société, et la menace d’une agitation épouvantable,