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LIVRE XU, CHAP. II.

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Mais hâtons-nous de le reconnaître, il y a peu de royautés qui aient été précipitées à cause de leur abandon des traditions du passé. Ce n’est pas là leur faute ordinaire elles périssent presque toujours pour n’avoir pas respiré l’esprit nouveau; elles ont su rarement comprendre que ce n’est pas telle ou telle forme de société qu’elles sont chargées de défendre, et qu’un’roi ne lègue point à son successeur l’inviolable devoir de maintenir les institutions de son règne. Ces institutions n’étaient bonnes qu’autant qu’elles convenaient avec les mœurs, les idées, les sentiments, la fortune de ce temps. Que les mœurs changent, que les idées prennent un autre cours, que les sentiments participent de l’instabilité des choses humaines, qu’enfin la fortune fasse quelques uns de ses coups la constitution d’État doit exprimer tous ces changements et un prince qui voudrait s’y opposer ferait une chose aussi insensée que s il cherchait à retenir dans son ancien lit une rivière qui, dans un débordement, s’en est creusé un nouveau et y coule par une pente irrésistible vers 1 Océan.

Qui voit un roi doit voir la plus complète expression des mœurs et de l’esprit du temps. En lui se fondent toutes les dissonnances il est le lieu, l’harmonie, l’unité. Tout ce qui, appartenant au caractère général, manque chez lui, y fait