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DE LA DÉMOCRATIE NOUVELÎ.K.

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fense au prince, les coups qu’elle veut porter aux lois.

Les embarras de la royauté empirent à mesure que s’accroît le nombre de ceux qui désirent un changement. Gardienne des formes du passé, elle est en même temps soumise au devoir de représenter fidèlement la société qu’elle gouverne, dans son esprit le plus élevé, ses passions les plus nobles, ses tendances les plus certaines. Que ferat-elle, placée à la tête de ses sujets divisés dans leurs idées et leurs espérances ? Comment accomplira-t-elle le premier devoir de la couronne, qui est de porter la loi ? Elle ne sait plus où trouver le désir commun s’éloigne-t-elle de la tombe des aïeux, les adorateurs du passé crieront au sacrilége; demeure-t-elle immobile, ceux qui veulent marcher répandront qu’elle est morte. Quelque parti qu’elle prenne, un parti considérable l’accuse si elle n’a pas assez de pénétration de courage, ou de vertu pour discerner ou suivre la vérité; si elle s’arrête quand il faudrait marcher, ou s’avance plus vite qu’il ne faut, la société ne reconnaît plus en elle son guide son conseil, sa personnification; son trône, qu elle a donné à soutenir à la cendre légère des morts ou qu’elle a suspendu en l’air sur un tourbillon de vent, roule, brisé, à travers les crevasses formées par le tremblement des siècles.