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UVRE VU) CHAP. III.

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Il est encore d’autres droits qu’il est urgent d’abaisser; par exemple, ceux qui sont imposés sur les baux à terme. Ces taxes produisent la brièveté des baux. Le cultivateur et la terre, s’il est permis de s’exprimer ainsi, ont a peine le temps de se connaître. Comme les droits augmentent en proportion de la longueur des baux, l’intérêt du fermier est de faire ceux-ci aussi courts que possible <t de les renouveler, en éludant les formalités de l’enregistrement. Il en résulte que l’on ne dépasse pas, en ces contrats, le terme de neuf ans; tandis que les plus vulgaires connaissances en agriculture démontrent, que pour se livrer à de sérieuses améliorations et en recueillir les avantages il faut avoir au moins quinze ans devant soi. S’il en est ainsi la plus efficace procultive. Il arrivera une époque où toute la rente de la terre sera hypothéquée aux pauvres. Une loi agraire sera ainsi établie de fait, et parla plus étrange et la plus inattendue des révolutions, les prolétaires des campagnes serorit réellement en possession de la totalité des revenus de cette terre dans laquelle on ne voulait leur laisser aucune part.

Sous ce rapport, la France plus équitable que l’Angleterre, a été aussi plus habile. Tandis que nos lois favorisent, par une action continue, la concentration de la propriété foncière, les siennes au contraire tendent à la subdiviser de plus en plus. Il est possible que ce système n’y soit pas contenu dans d’assez justes limites mais alors même qu’il est porté à l’excès, il a moins d’inconvénient que le système opposé.