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brutales, établir un lien entre les esprits, et, plus encore, pour faire couler dans les cœurs les émotions qui disposent à la religion ? Pense-t-on également à se servir de l’architecture, de la statuaire et de la peinture, dans l’objet d’élever les esprits par les images étalées aux yeux, de faire durer les belles actions, de créer de grands hommes par l’émulation, en dressant des statues à ceux qui ne sont plus[1] ? A-t-on enfin mesuré tous les effets que l’on pourrait produire à l’aide de la poésie, de l’éloquence et surtout de l’art dramatique ? On éprouve un déchirement de cœur en voyant ces arts sublimes se débattre contre leur propre liberté. A quel monstrueux excès les deux derniers ne se sont-ils pas emportés pour obtenir l’attention et retenir la multitude ? Sans forcer leur indépendance, un gouvernement fait pour ressentir leurs nobles passions les couvrirait aisément de l’éclat qu’ils recherchent et ne leur ferait acheter la gloire qu’au prix d’une direction donnée plus haute, plus pure, plus utile à l’empire qu’ils exercent. Nous regarderions encore comme une institution extrêmement féconde l’établissement de prix décernés tous les trois ou cinq ans dans

  1. Ces considérations suffisent pour faire apprécier toute la grandeur politique de l’idée qui a présidé à la création du musée de Versailles.