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LIVRE VU, CHAP.XXVUt.

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parlement et un département n’est qu’une division arbitraire et administrative d’une province. La province existe par elle-même elle n’a pas besoin d’être créée par la loi elle a préexisté au royaume; elle-même a souvent constitué un État à elle seule, avant de faire partie d’un plus grand. Son unité et ses limites sont primitives, parce qu’elles sont presque toujours l’oeuvre de la nature.

Il n’en est pas de même des quatre-vingttrois départements que l’assemblée nationale substitua aux anciennes divisions du territoire ils se formèrent à la suite du partage de ces portions du royaume qui en étaient comme les membres naturels. On disputa longtemps sur le nombre de ces nouvelles provinces, sur leur population et leurs limites. Mirabeau en demandait cent vingt, Thouret, de soixante-quinze à quatre-vingts; Barnave, Lameth, etc., fixaient d’autres nombres.

L’un voulait qu’on prit pour unité de mesure l’étendue territoriale; l’autre, la population. Rien n’atteste mieux combien cette limite qui allait et venait sans cesse était hors de réalité et tout artificielle, que ces incertitudes mêmes, sources de longs débats pendant lesquels la France était coupée en tant de pièces, et changeait de face à toutes les heures.