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INTRODUCTION.

Les fautes du gouvernement de la restauration n’ont pas tardé à suivre le rétablissement des Bourbons.

À peine le comte d’Artois était-il revêtu du titre de lieutenant-général du royaume, qu’il apposa, sans hésitation, sa signature au bas du traité de paix qui semblait nous condamner à celle de la mort : il vient d’arriver sur le territoire français, et c’est pour en sanctionner le démembrement. Il n’est pas encore entré dans la capitale, et il consent, sans aucune résistance, à livrer à la coalition cinquante places fortes, comme si n’ayant pas eu la peine de les prendre, il n’en dût éprouver aucune à les livrer.

Louis XVIII est dans son palais, et, en face de nos finances épuisées, accepte une liste civile de 32 000 000. Il accorde une confiance illimitée au comte de Blacas, ministre égaré, dans le gouvernement, comme un exilé qui ne reconnaît plus son chemin, dans le pays qu’il revoit après une longue absence. Loin d’oublier ce qui les séparait de la France nouvelle, les gouvernants élèvent des monuments à leurs souvenirs ; ils remuent la cendre des émigrés morts à Quiberon. Au lieu de prendre l’esprit de l’armée, ils veulent lui donner le leur, et mettent à sa tête de jeunes officiers qui savent mieux les noms de leurs aïeux que ceux des batailles qu’elle a livrées. Ils alarment les corps de l’État, annoncent l’intention d’épurer la magistrature et de renouveler l’administration.