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nément, au lendemain des plus fortes crises. Il lui arrive même de quitter héroïquement l’amour pour retrouver l’austère Pallas, comme on disait en ce temps-là : elle n’aimait donc guère ?

Pourtant elle écrit la passion avec tant de charme et de courageux abandon qu’elle a aimé beaucoup, cela n’est point douteux. Alors il n’y a pas à en douter non plus, c’est une âme très-forte, un caractère remarquablement trempé, et peu m’importe que les amis et les amants en aient souffert dans leur tendresse ou dans leur amour-propre, je suis forcé d’admirer cette puissance et d’y constater curieusement la transformation du sexe intellectuel, résultat de la culture intellectuelle virile.

Le sexe persiste cependant et avec les particularités si bien observées, si bien décrites dans cette brochure d’Alexandre Dumas qui vient de faire tant de bruit, brochure dont je n’accepte pas les conclusions, dont par conséquent je ne comprends pas le but, mais dont j’apprécie très-haut les parties essentielles, la critique et la peinture des faits. Le livre de madame de Saman est comme une flagrante preuve de la justesse de ces constatations. On y voit, bien dessinés et franchement avoués, les appétits de domination qui caractérisent la femme. On y est frappé aussi de ce sens de la possession du moi qui fait sa force dans la faiblesse et sa victoire dans la défaite. Celle-ci aborde l’amour avec une vail-