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fortunes sont surtout favorables à la délicatesse des mœurs, à laquelle l’ignorance et la richesse sont également contraires : la femme, comprenant la modestie, la pudeur, le charme des affections fidèles, n’est plus menacée de la mort. Durant la barbarie, on a pu demander à l’autre vie les récompenses pour la vertu : aujourd’hui, les récompenses pour la vertu sont sur la terre ; dans des jours de misère et d’inégalité, on a pu désirer avant tout un rang et des richesses ; au jour de l’égalité, on désirera les affections et l’intelligence, ce qui, avec le travail, donne le vrai bonheur et le véritable éclat. Quand par l’égalité la foule des hommes devient cultivée, c’est aux sentimens moraux qu’elle doit prétendre : car si tout homme n’est pas fait pour briller, tout homme est plus ou moins capable des sentimens de l’honneur et de la bonté. C’est par les femmes que ces sentimens se développent le mieux et que les hommes ont une vie intérieure, un foyer domestique, une existence au dessus de la vanité. En cultivant les femmes du peuple, on portera dans les classes marchandes ces sentimens civils, apanage d’un état libre. La moralité des femmes sera au profit des hommes, mais pour être loyale, il faut être libre, ni forcée, ni battue. Quand le pouvoir moral succède au pouvoir matériel, la femme ne craint plus les coups.

Les sentimens de la nature inspirent à l’homme la véritable égalité, qui naît surtout de l’humanité. Voyons la femme riche devenue mère : son éducation et sa richesse sont oubliées ; il y a une loi de maternité qui la rapproche de toutes les mères ; il y a une enfance confiée à sa tendresse, débile, dangereuse, qui l’intéresse à tous les enfans. La voici, marchant dans les promenades, suivie de son enfant aux bras de sa bonne ; elle regarde les enfans du même âge : elle les aborde, elle parle aux mères, elle questionne ; l’enfant est-il bien mis, est-il du peuple ?