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vées plus que toute autre contrée, les a vues s’illustrer dans des genres différens, plus propres à l’action où il faut la vigueur de l’âme et du corps qu’à la pensée cultivée par tant d’hommes dans une vie sédentaire. Ceci est très remarquable : leur faiblesse, qui ne les empêche pas de porter l’épée, dompter les chevaux, dominer un royaume, leur refuse-t-elle la méditation, le langage, ces premières beautés qui ont placé les penseurs au dessus de tous ?

Si les femmes disent que le sentiment égale l’intelligence, qu’une mère surpasse les hommes par ses émotions, je demanderai que cette femme parle et que je l’entende ; car s’il s’agit d’une sublimité muette, le monde n’en peut rien savoir.



CHAPITRE V.


Si nous contemplons la vie des hommes, que de difficultés pour eux-mêmes ! Quel accord heureux il fallut du leur talent et de leur position ! Les temps favorables voient seuls naître les hommes. Pour les uns il eût fallu de plus prompts succès ; d’autres n’ont pas eu, comme Molière, pour les seconder, cour aimable, roi plein de goût, vices ridicules et hypocrites, position plébéienne, habitudes de la scène et des coulisses ; ou, comme Napoléon et Cromwel, un pays en révolution, la guerre, des institutions renversées, le besoin d’ordre et d’autorité. À voir le talent sans doute, son allure, son indépendance, on le croirait fils de Dieu seul ; mais l’histoire nous prouve qu’il dépend beaucoup des circonstances : un certain horizon a développé le talent d’un paysagiste,