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surtout dans la manière bizarre dont cette division est faite, car les parcelles diverses, appartenant à un même propriétaire sont dispersées, divisées en plusieurs parties par de larges fossés et de fortes haies vives, qui en dévorent plusieurs sillons.

Il en résulte que presque la moitié du sol est perdu pour la culture.

On remarque que c’est dans les points où le fractionnement a été porté trop loin, que l’agriculture est le plus misérable. On y récolte à peine les grains nécessaires à la consommation du pays, on n’y élève point de bétail, l’engraissement y est inconnu.

Pour obvier à une pareille calamité, il faudrait réunir les parcelles de terres en propriétés bien arrondies, assez grandes au moins pour nourrir une famille, et tout en ne pouvant dépasser un maximum fixe, et veiller au maintien de cette nouvelle division. Mais cette division soulèverait un immense murmure de réprobation et les classes rurales s’y opposeraient sans aucun doute, chacun alléguant que la division a été faite avec partialité, que leurs voisins ont été mieux partagés qu’eux. Il faut donc se résoudre à subir cet état fâcheux, bien qu’il crée à l’agriculture de sérieux embarras. Il borne l’essor vers les idées nouvelles, et prépare pour l’avenir les plus funestes conséquences.

Mais si le morcellement extrême constitue un fort mauvais système ; la division en fermes d’une très grande étendue constituerait un système bien plus défectueux.

En effet tous les fermiers n’ont pas les ressources nécessaires pour acheter l’ameublement, le cheptel nombreux