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faire autant pour le bas de mon pantalon (je suis extrêmement soigneux de mes effets), quand apparut mon ami Axelsen.

Mon ami Axelsen est un jeune peintre norvégien, plein de talent et de sentimentalité.

Il a du talent à jeun et de la sentimentalité le reste du temps.

À ce moment, la sentimentalité dominait.

Était-ce la brise un peu vive ? était-ce le trop-plein de son cœur ?… ses yeux se remplissaient de larmes.

— Eh bien ! fis-je, cordial, ça ne va donc pas, Axelsen ?

— Si, ça va. Spectacle superbe, mais douloureux souvenir. Toutes les plus fortes marées du siècle brisent mon pauvre cœur.

— Contez-moi ça.

— Volontiers, mais pas là.

Et il m’entraîna dans la petite arrière-boutique d’un bureau de tabac où une jeune femme anglaise, plutôt jolie, nous servit un swenska-punch de derrière les fagots.

Axelsen étancha ses larmes, et voici la navrante histoire qu’il me narra :