Page:Allais - À se tordre - histoires chatnoiresques.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il avait de vilains cheveux rouges plantés raides, des grandes oreilles détachées de la tête, et un petit nez retroussé comme le museau de ces chiens qui tuent les rats, et puis des taches de rousseur plein la figure.

Il faisait tant de bruit avec son fouet, qu’on aurait dit que c’était un vrai charretier.

À côté de la boutique de son père, il y avait un marchand de lampes qui vendait aussi des seaux, des arrosoirs et des brocs en zinc.

Alors le petit troquet venait s’amuser à taper sur tous ces ustensiles pour faire du bruit et embêter les voisins.

Le lampiste avait une petite fille qui était aussi gentille que le petit garçon était désagréable.

On ne peut pas s’imaginer quelque chose de plus charmant et de plus doux que cette petite fille.

Elle avait des yeux bleus, un beau petit nez, une jolie petite bouche et des cheveux blonds si fins, si fins, que quand il n’y en avait qu’un, on ne le voyait pas.

Quand il faisait beau, elle s’installait sur le trottoir avec son petit pliant, et elle apprenait ses leçons, et, quand elle savait ses leçons, elle faisait de la tapisserie.

À ce moment-là, le petit troquet arrivait par derrière et lui tirait sa natte en faisait dign, dign, dign, comme si sa natte était la corde d’une cloche de bateau à vapeur.

Ça embêtait joliment la petite lampiste. Mais, un jour, elle a eu une idée. Elle a pris des sous dans le comptoir et elle les a donnés au petit apprenti de son papa, qui était très fort et qui a fichu de bons coups de poing sur le nez du petit troquet et de bons coups de pied dans les jambes.