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« Chimiste, ce fut à la chimie que je fis un suprême appel.

« … Pendant l’été, ma belle-mère avait coutume de se costumer uniquement, et des pieds à la tête, en tissus de coton.

« C’était sa marotte, le coton !

« — Le coton, se plaisait-elle à répéter, il n’y a rien de plus sain.

« … Comment cette idée vint-elle à germer dans mon cerveau, je ne me souviens plus, mais un beau jour…

« Je m’interromps pour rire, pour rire encore.

« Un beau jour, avec les ruses d’un apache qui serait cambrioleur, je m’emparai de plusieurs pièces composant son habillement, bas, pantalon, chemise, jupe, blouse, etc.

« Ce lot de vêtements, je l’emportai dans mon laboratoire et lui fis subir l’opération très simple et bien connue qui transforme le paisible coton en redoutable fulmi-coton.

« Je m’arrangeai ensuite, et diaboliquement, pour qu’elle endossât bientôt cette explosive et sémillante toilette.

« Un soleil terrible sévissait ce jour-là.

« Assise sur un banc de pierre, ma belle-mère savourait je ne sais quelle inepte littérature.

« Moi, posté non loin de là, armé d’une forte