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restait dans une petite maison couverte de tuiles et tout enclématitée, comme une cabane de douanier.

Pour une fille naturelle, la fille était surnaturellement jolie, belle, et même très gentille.

Aussi, au premier bain qu’elle prit, quand on la vit sortir de l’eau, la splendeur de son torse, moulée dans la flanelle ruisselante ; quand, la gorge renversée, elle dénoua la forêt noire de ses cheveux mouillés qui dégringolèrent jusque très bas, ce ne fut qu’un cri parmi les plagiaires[1].

— Mâtin !… La belle fille !…

Quelques-uns murmurèrent seulement : Mâtin !

D’autres enfin ne dirent rien, mais ils n’en pincèrent pas moins pour la belle fille.

Et ce spectacle se renouvela chaque jour à l’heure du bain.

Toutes les dames trouvaient que cette jeune fille n’avait pas l’air de grand’chose de propre ; mais tous les hommes, sauf moi, en étaient tombés amoureux comme des brutes.

Un matin, mon ami Jack Footer, poète anglais, vigoureux et flegmatique, vint me

  1. Gens qui stationnent sur la plage. (Note de l’auteur.)