Page:Allais - À l’œil.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et toi, l’aîné, ta marraine te donne quarante sous le jour de la fête ?

— Oh ! non, monsieur, j’ai pas cette veine-là, moi ! Mon parrain et ma marraine, c’est des gens de la campagne. Alors, le jour de ma fête, et puis à d’autres jours de fête, ils nous envoient un panier où qu’y a des poules…

— Des poules ?…

— Oui, des poules… Vous savez pas ce que c’est que des poules ?

— Si, si.

— Des poules mortes, bien entendu, ou des canards, avec des pommes, et puis des œufs, et puis du beurre, tout pour bouffer à la maison, mais nib de galette pour moi.

— Encore un verre de cidre ?

— Moi, oui, je veux bien, monsieur, mais pas Julot, il serait paf et maman qui me l’a confié, m’engueulerait.

— Alors, des fraises, des cerises ?

Des fraises, des cerises, le paradis !

Bientôt Julot extirpe gravement d’un morceau de journal, où elle se trouvait soigneusement enveloppée, sa pièce de quarante sous, en frappe la table, appelant le garçon, car l’heure s’avance.

— Garde ta galette, mon vieux.

— Oh ! non, monsieur, y a toujours nos deux premières portions qu’y faut que je paye.