Page:Allais - À l’œil.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On a occasion de rencontrer en voyage des types bien extraordinaires.

Il y avait ces jours-ci, au Grand-Hôtel, un monsieur et une dame d’un certain âge et d’une évidente respectabilité.

Ces deux bonnes gens voyagent avec deux draps de lit, leurs taies d’oreiller, leurs serviettes de toilette et de table.

Ils ne se nourrissent que d’œufs à la coque et de viande grillée. Et encore, le morceau de viande, ils ne le mangent qu’après avoir rejeté les parties extérieures qui auraient pu être souillées par un contact.

En se mettant à table, ils essuient assiettes, verres, couverts, etc., avec des feuilles d’un papier japonais préalablement aseptisé, et qui ne les quitte jamais.

Et il faut les voir frotter tout leur petit matériel !

Et avec cela, un mutisme rigoureux, continu, farouche.

Ce monsieur et cette dame mangent sans desserrer les dents ! (C’est une manière de dire, bien entendu).

Je comprends à la rigueur l’exagération de