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geur arrivant à Venise, c’est le remplacement du bruit de cornes et de grelots cyclistes par les mélancoliques clameurs des gondoliers. (Même raison que plus haut.) Le pittoresque ne fait qu’y gagner.

La première chose qui frappe le tact du voyageur arrivant à Venise, c’est celui du directeur du Grand-Hôtel (l’excellent M. Merli) qui se met en quatre pour m’offrir une chambre donnant sur le canal et de laquelle on découvre un panorama que MM. les administrateurs du Grand-Hôtel de Paris auraient beaucoup de peine à offrir, malgré toute leur bonne volonté, à leur riche clientèle.

La première chose qui frappe le goût du voyageur arrivant à Venise, c’est une exquise glace tutti frutti dégustée sur l’une des mille petites tables du célèbre et antique café Florian.

La première chose qui frappe l’œil du voyageur arrivant à Venise, c’est le spectacle de l’ami Isnardon, l’excellent baryton de l’Opéra-Comique, et de sa charmante jeune femme, distribuant sans compter du blé de Turquie aux pigeons de la place Saint-Marc.

On cause et je m’instruis.

Pauvre Italie ! en dépit de ton unité conquise au prix de tant de sang (et en particulier du