Page:Allais - À l’œil.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Oh ! ce ne fut pas long !

La sole frite n’était pas plutôt sur la table, qu’une jeune femme, fort gentille, ma foi, envahissait le célèbre restaurant.

— Tu t’es fait mal, mon pauvre Georges ?

Inoubliable, la tête de Georges !

— Alice ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

Inoubliable, la tête d’Alice !

— Comment, ce que je fais ici ? Tu es fou, sans doute ?

Inoubliables les deux têtes réunies d’Alice et de Georges !

D’autant plus inoubliables, que — j’omis ce détail — Georges et ses amis avaient cru bon de corser leur société au moyen de deux belles filles appartenant — je le gagerais — au demi-monde de notre capitale.

Un qui ne s’embêtait pas, c’était moi, avec mon air de rien…

Plus les pauvres gens s’interrogeaient, plus s’inextriquait la situation.

Est-ce bête ! Je n’ai jamais déjeuné de si bon appétit.