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Celle-là s’appelait la Lueur, pour changer un peu, et se composait de jeunes gens des deux sexes, appartenant à la bourgeoisie marchande.

Les jeunes hommes, tour à tour, montaient sur un petit théâtricule situé au fond de la salle, puis, là, disaient des vers ou chantaient des chansons.

Sous l’œil attendri des mamans, quelques jeunes filles en faisaient autant.

Ce n’était pas d’une moyenne artistique éperdue, le rythme y perdait souvent ses droits et les rimes, les pauvres rimes, semblaient implorer des représentations à bénéfice, ou tout au moins une petite quête à l’issue de la soirée ; mais, c’est égal, les gens avaient l’air de s’amuser ferme.

Il n’y avait que deux personnes qui semblaient peu goûter l’allégresse générale : Félicien et une grande jeune fille blonde aux yeux noirs.

Blonde d’un blond cendré, chaud de ton ; des yeux noirs, très grands et très noirs.

Cette jeune fille tranchait violemment dans l’ambiance bourgeoise de cette assemblée.

Félicien s’approcha.

Très nature, la jeune fille parla :

— Vous n’avez pas l’air de vous amuser beaucoup, ici, monsieur ?