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temps ; il est même, je crois, un peu parent de ma femme.

Nous entrons dans un petit café anglais, nous buvons un cocktail, nous buvons deux cocktails, nous buvons trois cocktails, et puis, sans m’en apercevoir, me voilà rond comme la justice.

Ah ! ce que j’en ai fait et dit des bêtises ce jour-là ! Car, bien entendu, ma gaîté a duré jusqu’au soir, soigneusement entretenue par de nouveaux cocktails.

Je m’en allais par les rues, la main dans la poche, faisant tournoyer ma canne à la façon des gandins, et fort occupé à rajuster mon monocle qui tombait à chaque instant.

Le soir, après dîner, j’ai fait tant de scandale que les agents sont arrivés et m’ont conduit au poste.

Quand j’ai décliné mon nom, la chose a failli mal tourner.

— Vous ? Francisque Sarcey ? s’est écrié le brigadier. Pour qui me prenez-vous donc, de croire que nous allons ajouter foi à de telles bourdes ? M. Sarcey est un homme de bon sens qui ne saurait se mettre dans des états pareils.

Il fallut l’intervention de mon aimable confrère M. Fenoux, le brillant élève du Conservatoire, pour me faire relâcher.