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Fidé haussa les épaules.

Après diner, ils allèrent passer la soirée au club. On fêta le retour du vicomte, le vainqueur du grand tournoi de la veille. Les billes de billard le regardaient avec une sorte de considération respectueuse. Le gérant s’empressait autour de lui, le félicitait. Ah ! s’il y avait eu beaucoup de joueurs comme lui, la cagnotte eût été superbe ! Puis on commenta la mort, de la Moule et la fuite de Saint-Helm. On s’attendrit et on s’indigna correctement, avec modération. Vers dix heures, un monsieur décoré de plusieurs ordres étrangers, parlant toujours de louis et de soupers — au fond, aux gages du directeur pour la somme de deux louis par soirée — proposa de tailler un petit bac. Depuis un moment, les gens tournaillaient autour de la cheminée, cherchant des sujets de conversation, s’ennuyant ferme. En réalité ils étaient venus seulement pour la partie. Ils se précipitèrent.

Valterre et le prince sortirent alors, puis, rentrant chez eux, s’habillèrent et, la boutonnière fleurie d’un gardenia, corrects, irréprochables, ils allèrent terminer la nuit au bal de l’Opéra.

À cette fin de carnaval, il y avait dans l’air comme un besoin de jouissance et de saturnales. À travers les boulevards illuminés, tout grouillants de monde, circulaient, chantant, rigolant, avinées, des bandes de masques voyoucratiques.