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— Parbleu ! c’est parce que tu aimes les Chinoîs ?

Une autre fois, il racontait mystérieusement que Cora allait être engagée à des conditions épatantes à New-York, pour chanter l’opéra comique.

— Elle ne confie pas ses histoires à tout le monde, disait-il. C’est une petite sournoise : On croit comme ça qu’elle s’amuse. Ah bien, oui ! elle travaille comme une élève du Conservatoire. Tous les soirs, mesdames ! oui, messieurs, tous les soirs ! elle va au quartier Latin répéter… Le Voyage en Chine !

Cora laissait le cabotin épuiser son répertoire de blagues décaties et de calembours vénérables. Elle avait un béguin, comme elle disait ; il ne lui en fallait pas davantage. Les petites camarades riaient bien de tout cela, mais, au fond, elles riaient jaune. Un jour, la jeune femme vint à la répétition avec, aux oreilles, de magnifiques diamants qui lui avaient été donnés par le prince. Les autres ouvrirent de grands yeux, jalouses de Cora, et l’une d’elles soupira même très bas :

— Tout de même, si les Chinois sont généreux comme cela, moi aussi j’aimerais bien les prunes ?

Quoique sa passion eut beaucoup perdu de son ardeur première, Taïko-Fidé avait été amené insensiblement à changer son genre de vie pour