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mettre avec le prince et lui refaisant, d’une voix maternelle, le discours qu’avait prononcé Kopeck le fumiste. Le soir, Cora, furieuse de retourner chez Monaïeul, voulait tout lâcher, mais Fidé lui promit de venir la chercher, et, la mettant dans une voiture, la renvoya à son théâtre.

Ils restèrent ainsi toute une quinzaine sans se quitter. Elle s’attachait à lui, ne le trouvant pas comme les autres, goûtant une saveur bizarre dans cette liaison, répondant aux désirs fougueux du prince. Taïko, très épris d’abord, se calma et se lassa vite de cette passion trop facile à contenter. La satiété lui était venue tout de suite. Cora ressemblait trop aux femmes des bateaux de fleurs de Yokohama. Il lui en voulait d’être ainsi soumise à ses désirs et docile à ses caprices. En même temps elle reprenait ses allures d’étudiante, ses lubies de jeune cheval échappé. Elle traînait Taïko dans les brasseries à femmes du Boul’-Mich’ et de la rue Monsieur-le-Prince. Le membre du Young-Club se sentait maintenant dépaysé dans le milieu des vadrouilleurs. Bientôt il ne laissa plus Cora venir le retrouver tous les soirs. Il lui donna des rendez-vous qui devinrent de plus en plus rares, prétextant tantôt du travail, tantôt des bals où sa présence était indispensable.

La jeune femme ne s’imaginait pas que le Japonais pût la tromper. Elle pensait absolument