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hara-kiri

j’ai déjà joué un acte du Dépit amoureux au cercle Pigalle.

On recevait des centaines de demandes apostillées par des députés, des ministres, des banquiers ! Il y avait au secrétariat une collection d’autographes signés des plus grands noms de France.

Pendant que le directeur pérorait ainsi dans la loge, sur la scène, une douzaine de grues en rang d’oignons, déshabillées par Grévin, chantaient plus faux que des jetons :

Nous sommes les parfums exotiques.
Ah ! ah ! ah !

à la grande joie du public qui applaudissait à tout rompre. Lui, Monaïeul, rageant, grondait :

— Les rosses ! ça chante comme des cordes à puits.

Haussant les épaules, il se calmait et reprenait la conversation. C’était dur à faire marcher, ce monde-là. Tant qu’elles n’étaient pas engagées, elles semblaient douces comme des anges, les petites femmes. Elles promettaient toutes d’être bien sages. Elles seraient là toujours à l’heure. Jamais ! au grand jamais ! elles ne rateraient une répétition. Alors on choisissait dans le tas. Les unes n’avaient pas de voix, les autres pas de jambe… et la jambe, c’est capital ! On en prenait de jolies. pour l’orchestre et de vieilles pour faire repoussoir et pour chanter.