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hara-kiri

— Rien non plus.

Ils s’étirèrent tous deux, très veules et très ennuyés. Valterre reprit la parole :

— J’ai une idée, fit-il d’une voix dolente.

— Est-ce tordant ? hasarda l’autre.

— Peuh… euh !

— Dites toujours, cher.

— Je propose de rentrer chez nous et de nous coucher à dix heures.

— C’est drôle, riposta froidement Taïko.

Alors, amusés par ce projet bizarre, pour des noctambules, de se coucher à l’heure où, d’habitude, ils endossaient leur habit, ils se levèrent, nonchalants, et traversèrent les salons, donnant des poignées de main à tout le monde, répétant à chacun.

— Nous allons nous coucher, mon bon !

Brusquement réveillé, le club entier riait aux éclats ; la nouvelle se propageait d’un bout à l’autre des grands salons. On jugeait l’idée catapulteuse — c’était le mot à la mode. Dans un coin, toute une bande, présidée par le vieux Partisane et par Saint-Helm, se tordait et trouvait ça idiot. Un petit de la Bourse, une espèce de serin, très argenté, que l’on surnommait La Moule à cause de sa triomphante nullité, ricanait :

— Faudra que je fasse ça, un soir. Ça sera catapulteux ! catapulteux ! catapulteux !

Il ne voulait pas en démordre et il n’y avait