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hara-kiri

— Gros libidineux !

— Comment s’appelle-t-il ?

— C’est le prince Ko-Ko.

— Ah ! c’est un drôle de nom !

— Ils sont tous comme ça, en Chine

— Ce qu’il doit avoir de la galette !

Jeanne, glorieuse de l’effet produit par son cavalier, ne le quittait plus. Elle tenait à lui, maintenant. Les Tristapattes, fiers d’avoir découvert ce phénomène, lui formaient une suite et les fumistes de la bande donnaient des détails, chuchotant aux oreilles les explications les plus biscornues.

Taïko, émerveillé, ouvrait de grands yeux. Il admirait l’aspect d’ensemble, l’animation, les jolies filles et les jeunes gens gais, s’appelant, se poussant, s’embrassant à la barbe des municipaux. Il y avait dans la salle un mouvement endiablé de promeneurs et de danseurs, se cognant aux femmes qui agitaient leurs mouchoirs pour se rafraichir. Tout au fond, dans le jardin obscur, flambaient les becs de gaz, donnant aux feuilles une douce pâleur verte, avec des recoins foncés et projetant, sous les grottes factices, des pénombres silencieuses.

Le Japonais regardait longuement les danseuses : tournant en des valses lascives ou s’avançant en des quadrilles chahuteux. Les jambes levées dans des pas hardis, avec les jupons blancs et les pan-