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pion ; les deux Alène, les fumistes ; Monnet, l’architecte ennemi des portiers ; puis d’autres, et d’autres encore.

Et tous, marquant le pas, criaient à tue-tête :

Qui qu’a, qui qu’a vu Ko-Ko,
Ko dans l’ Tro,
Ko dans l’ Tro,
Ko-Ko dans l’ Trocadéro ?

Au refrain, Kopeck, mettant la main devant sa bouche, imitait le fameux cri du petit chien qu’on lui marche sur la patte.

Le grand air ayant surpris les cerveaux échauffés, tous devenaient abominablement gris. Il était environ dix heures du soir. Les passants, nombreux, s’arrêtaient pour voir défiler l’étrange bande. Les sergents de ville, ahuris, la suivaient longtemps des yeux. Le monôme s’allongeait. À chaque instant on rencontrait des Tristapattes, on les appelait, et ils venaient à la file. À un moment, sans qu’on pût savoir comment, les premiers en ligne hissèrent, au bout de leurs cannes, des lanternes vénitiennes allumées. Des gamins, admiratifs, suivaient à distance. D’instant en instant, un immense cri de :

– Vive Ko-Ko !

partait du monôme. Cette longue théorie serpentant avec ses cris et ses lanternes multicolores dans la pénombre blafarde des becs de gaz, prenait des allures de marche triomphale.