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le bal de noces aura lieu dans vingt minutes, à Bullier. Approuvez-vous cette proposition ?

Il y eut un hurlement de joie. Le prince, dont la tête tournait, comprenant à peine, trouvait cela très amusant. Jeanne eut un instant la pensée de refuser, mais elle se ravisa aussitôt, par peur des jeunes gens, qui criaient comme des forcenés. D’ailleurs, cela ne lui déplaisait pas d’aller à Bullier. Là-bas, elle pourrait les lâcher plus facilement.

Pendant un moment ce fut un brouhaha, un méli-melo indescriptible. On cherchait les cannes, les chapeaux. On payait les consommations en répondant aux réclamations des femmes.

Enfin, on se trouva sur le trottoir, au complet. Kopeck, bizarre dans son costume irlandais, avec un gilet brodé, une culotte courte, laissant voir ses mollets énormes, son grand chapeau à bords plats renversé en arrière, battait la mesure avec sa canne et avait organisé le cortège.

En avant marchaient le prince et Jeanne, bras dessus, bras dessous, à peu près de même taille. Derrière, à la file indienne, en monome, se tenaient les plus fameux Tristapattes : le président Houdart le poète, Arguesorre, le compositeur ; Toutbeck, le violoncelliste échevelé ; Vavin, directeur du journal officiel de la société ; Coton, le futur député ; Murot, l’employé de ministère ; le grand Vaissel, étudiant en droit ; Boumol, le