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rents et ses amis à Mionoska. Puis, la veille de la date funèbre, il annonça son départ et quitta le siro. Le surveillant partit en toute hâte afin de prendre les devants.

Taïko-Naga revint par un chemin détourné. Déjà, la plupart des gens qu’il avait convoqués étaient arrivés, entre autres le samouraï Taïra-Koura, vieil ami et cousin du père de Fidé, qui partageait sa haine pour les idées nouvelles et devait lui servir de second. Au fond du jardin, dans le yashki, une estrade avait été dressée et, tout autour, de riches tapis et des nattes couvraient le sol. Les Kéraï firent ranger les assistants en cercle.

Sur l’estrade, Taïko-Naga, en grand uniforme, se tenait à genoux au milieu d’un tapis brodé. De grosses larmes coulaient lentement contre son visage amaigri par la douleur. Devant lui, sur un petit tabouret, son sabre d’apparat, court et acéré, se trouvait à portée de la main, enveloppé d’un papier qui laissait paraitre la pointe luisante et tranchante comme un rasoir. Un silence de mort régnait dans l’assemblée. Le vieillard parla d’une voix vibrante :

— « Les Todjins sont venus dans notre pays, où nous vivions tranquilles et heureux.

» Ils nous ont apporté leurs passions et leurs vices.