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hara-kiri

Yedo. — Le fonctionnaire auquel le Samouraï s’adressa ne le connaissait point. À la première question qui lui fut posée, il répondit :

— Taïko-Fidé ? Justement nous venons d’apprendre la nouvelle de sa mort.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le Samouraï retourna à Mionoska. Une résolution immuable s’était emparée de lui. Fidèle à la coutume de ses pères, il voulait faire hara-kiri, afin que ses amis vengeassent sur les Todjins envahisseurs, l’asservissement du Japon et la mort de Fidé. Il employa les derniers jours qu’il s’accordait à visiter les propriétés que lui avaient transmises les Samouraïs ses ancêtres, et qui maintenant se trouvaient vendues par la faute de l’héritier de la race.

D’abord, monté dans son norimon, il parcourut les campagnes éloignées, où les collines verdoyantes, piquées de la tache sombre des chaumières, les rizières étagées, formaient des paysages charmants dont la vue amie lui causait à cette heure solennelle, un nouvel attendrissement.

Il revint lentement, et longuement s’arrêta pour contempler le coucher du soleil derrière le Fousi-Yama, que ses derniers rayons entouraient d’une mer de feu. Du fond de la vallée, allongeant ses perspectives brunissantes, montaient des vapeurs d’un gris-clair qui flottaient sous les nuages rouges, tandis que la montagne sacrée