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trouver Jeanne, au fond. Elle la grondait. Il fallait être folle de se fâcher pour si peu de chose. Il avait voulu seulement plaisanter, ce garçon. C’était un bonhomme très chic, un prince chinois, ma chère. Voyons, pas de bêtise. Jeanne pouvait bien prendre un bock avec lui, pour faire la paix… Il ne la mangerait pas, après tout…

Du cercle, on voyait gesticuler les deux femmes, Joséphine cherchant à convaincre Jeanne qui refusait d’un mouvement de tête. Enfin, elle céda, et d’un pas nonchalant, l’air maussade, elle vint s’asseoir près du prince. Une acclamation générale l’accueillit. On redemanda des bocks. Houdart, se penchant vers le prince, lui dit :

— C’est pas la peine de t’enflammer, elle restera bien avec toi toute la soirée.

Alors le petit voulut l’embrasser. Elle fit mine de s’éloigner.

— Allons, voyons, cria Monnet, c’est le baiser de la réconciliation.

Jeanne, voyant que le prince demeurait tranquille, quitta son air maussade et se mit à causer avec les étudiants. Tandis que la bande admirait le Chinois, Kopeck, le fumiste, la lançait dans la voie des confidences :

— Tu es donc seule ?

— Oui, j’ai lâché mon amant. Il m’embêtait.