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mita. Justement la laiterie n’était pas entourée en ce moment. La jeune femme offrit une tasse. Valterre la prit, trempa ses lèvres dans le lait :

— Pour les pauvres inondés !

Il sourit, et, cherchant dans sa poche, laissa tomber quelques louis dans l’aumônière que lui tendait la comtesse. Marguerite commençait à babiller. Du coin de l’œil, le vicomte aperçut Mme de Lunel qui les surveillait. Il s’inclina galamment.

— Tiens ! dit-il, madame de Lunel… Il faut que j’aille la saluer.

Il s’éloigna. Marguerite lui lança un regard empreint de malicieuse colère et tendit avec une moue légère, une tasse à Sosthène Poix :

— Pour les pauvres inondés de Carpentras, mon bon monsieur !

— J’en aurais besoin, moi, d’être inondé, répondit le journaliste moitié gouaillant, moitié sérieusement. Je suis complétement à sec.

Il prit pourtant la tasse et jeta dans la bourse de soie des pièces qui tombèrent avec un bruit argentin.

Mme de Lunel attendit, avant de parler, que le vicomte l’eût saluée. Un sourire ironique plissait sa lèvre, pleine de morgue :

— Vous vous rangez, vicomte, dit-elle. Je vous félicite de votre goût extraordinaire pour le lait.