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ment fou, ce Toquaire. Mais Flora le conservait parce qu’il l’amusait, avec ses originalités. Et puis, ses idées à part, c’était un musicien savant.

Quand il eut fini, on pria Houdart, le poète, de dire quelque chose. Léon Blanche insista méchamment :

— Il nous faut de la poésie pour un dîner. Ce sera la première fois qu’elle aura nourri son homme.

Houdart lui lança un regard brillant. Il se recueillit et dit :

— J’ai oublié toute ma poésie. Mais si vous le désirez, je vais soutenir une thèse devant vous. Je l’avais préparée pour mon examen de doctorat, que le malheur des temps m’a empêché de passer.

De toutes parts on cria :

— Oui ! oui !

— Je veux prouver qu’il est légitime et naturel d’exploiter l’amour et d’en vivre autant que de cultiver la poésie — ou la sculpture — ajouta-t-il en regardant froidement l’amant de Flora.

Il y eut, dans l’assemblée, un moment de stupeur, Léon Blanche devint tout pâle, essayant d’esquisser un sourire. Flora rougissait et fronçait les sourcils. Tout le monde était gêné. Houdart continua :

— « C’est une tâche ingrate que j’entreprends là. Parce que, d’une part, jamais on n’a été plus