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dix tasses pour quinze personnes. Les habitués, au courant des coutumes, se précipitèrent. La bonne lava ensuite les tasses et les rapporta. On procédait sans ordre, abstraction faite des usages. Houdart passait encore à la cuisine pour être sûr de ne pas manquer de thé. Chacun s’efforçait d’en prendre le plus possible. Boumol, vite à son aise, s’étant emparé d’une bouteille de kirsch, se versait des rasades répétées. On venait d’apporter, spécialement pour Flora, un verre immense rempli de punch. Elle ne buvait que cela pendant toute la soirée. Le bruit courait même qu’elle y mélangeait du poivre. Le prince, très embarrassé dans ce milieu étrange, examinait une peinture. Maulcerf vint à lui :

— N’êtes-vous pas, dit-il, le prince Taïko-Fidé ?

— Oui, mais je vous prie de n’en rien dire… On me questionnerait…

Maulcerf le promit ; mais il questionna pour son compte, notant les réponses dans sa mémoire. Très au courant de tout, il écrivait des biographies de gens célèbres, ce qui lui avait fourni l’occasion de les connaître et surtout d’être connu d’eux.

La conversation devenait générale. Paul Dondel, Abadie, Flora, Léon Blanche, Montereau, Delannée, Durassier, tous ces ratés, ces médiocres, employaient à mordre et à déchirer les réputations, ce qu’ils avaient d’esprit et le fiel