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et cherchant à préserver leur plateau des chocs et des heurts. Les étudiants, gouailleurs, tout en s’effaçant, leur pinçaient les hanches et négligemment, elles tapaient sur les doigts sans trop s’émouvoir, embêtées seulement à cause des retards, tutoyant tout le monde dans le tas.

Joséphine, la patronne, assise dans un coin, près de la fontaine à bière, surveillait sa fille, une gamine de huit ans, qui, effarouchée par le bruit et la fumée, écrivait ses devoirs en se fourrant les doigts dans les oreilles pour se relire. De temps à autre, un client plus intime s’approchait et Joséphine, contente, expliquait que la petite était sa fille. Puis, distraite par le cri d’une bonne dont on fourrageait les jupes, elle se levait et criait :

— Dis donc, Houdart, laisse donc Margot tranquille… C’est stupide, ça…

— Mais c’est elle qui me chatouille !

— Oui, oui, je la connais… Allons, bon ! c’est Kopeck, à présent. Vous perdez la boule, je crois… Qu’est-ce qui m’a fichu des types comme ça ?… Colle-lui une gifle, Louise !…

Et, ayant obtenu une accalmie, elle se rasseyait et se faisait servir une cerise à l’eau-de-vie. Elle était bien contente. La petite n’apprenait pas mal. Ses maîtresses disaient qu’elle était une des premières de sa classe.

— N’est-ce pas, Mi-Mi ?