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sourires qu’elle leur prodiguait, les traits d’esprit qu’elle lançait à leur adresse, lui semblaient autant de vols de ses biens. Il ne disait rien, comprenant le ridicule de pareilles pensées, mais il souffrait, au fond du cœur, atrocement. Un seul point lui paraissait quelque peu fondé, dans les reproches de Valterre. Son argent fondait, fondait, avec une rapidité prodigieuse. Chaque courrier emportait une lettre où il demandait au Vieux Taïko-Naga de nouveaux subsides. Celui-ci envoyait sans mot dire, ignorant les ressources nécessaires dans les pays inconnus et ne voulant pas que le dernier descendant des samouraïs de Mionoska eût à souffrir pour de mesquines considérations. Bientôt, dépourvu d’argent lui-même, il emprunta sur ses immenses propriétés. Dans ses lettres courtes et fières, c’est à peine si, par intervalles, il recommandait à son fils de ne point trop dépenser : cela lui semblait indigne d’un samouraï. Le prince connaissait l’étendue des biens de sa famille, mais il ignorait la dépréciation considérable causée par les derniers événements et l’arrivée en masse des Européens, et voyant l’argent lui venir chaque fois qu’il en témoignait le désir, il ne s’inquiétait pas davantage. Pourtant, l’insistance du vicomte arrêta un moment son attention sur ce point : Il eût été bien embarrassé, en effet, de dire où étaient passées les sommes énormes reçues du Japon. À la