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turel. Ce plan baroque était l’œuvre de Léa. Elle avait tenu tout spécialement à ce que la fête commençât par un dîner, disant que c’était le meilleur moyen de se mettre en train. On applaudit. Blanche Timonnier fit remarquer à son voisin que c’était un peu collet monté, mais assura qu’elle connaissait son monde et qu’avant deux heures tous ces gens-là se tutoieraient.

— C’est plus amusant, d’ailleurs, conclut-elle.

Néanmoins, le début fut assez froid. Les messieurs conservaient leur dignité, trouvant au fond le programme un peu ridicule. Léa, Juliette, Irma et Cora montraient qu’elles savaient se tenir, et les petites femmes moins lancées les imitaient. Pour manifester qu’elles étaient à la hauteur des circonstances, elles se mirent cependant à énumérer les soupers chics auxquels elles avaient assisté. Blanche Timonnier fit étalage de son expérience. Les phrases admiratives entremêlées de « ma chère » commencèrent à se croiser. De son côté, Levrault, désireux d’animer la conversation, entama l’éloge de Bichette, une pouliche de deux ans qui lui avait fait perdre cinquante louis aux dernières courses, mais qu’il vantait tout de même :

— Vous verrez au Derby, répétait-il.

Il prenait des airs connaisseurs, secouait ses longs favoris blonds, entremêlait ses phrases d’argot de courses, de mots anglais. On enten-