Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
hara-kiri

chets des petites camarades plus fortunées, en vertu de la loi tacite de solidarité qui unit ces dames — et peut-être pour d’autres raisons encore. Sosthène Poix, toujours complaisant, remorquait cette doyenne des soupeuses. Partisane était là, jouissant de son reste, puis le vicomte de Valterre avec la grande Irma d’Agoult, Cora et son nouvel amant, le comte valaque Stanislas Pavergi. D’autres, des épinglées et des poisseux, éparpillés dans les coins ou réunis par groupes, causaient. Otto Wiener, pour n’en pas perdre l’habitude, taquinait le piano. Manieri supputait le nombre des bouteilles et, les comparant à la liste des invités, souriait. Léa le surprit :

— Vous savez, mon cher, ne comptez pas là-dessus. Ce sera très correct.

Le fait est que chacun paraissait disposé à se bien tenir. Les hommes causaient gravement ainsi que dans un salon sérieux et, sauf quelques évaporées, ces dames ne tutoyaient personne. Les unes, les plus richement entretenues, prenaient des airs comme il faut, pour épater les débutantes. Elles parlaient de leur cocher, de leurs bonnes, une engeance, chère madame ! La blonde Nana Patte en l’Air, très poseuse, disait à Irma et Blanche :

— Oh ! ces femmes de chambre !… elles sont d’une maladresse… d’un manque de tact… et avec ça curieuses, insolentes… La mienne me