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des fruits, des plats froids exquis, des vins recherchés. "Trois fauteuils et un sopha formaient l’ameublement, capitonné de soie. Au fond, une sorte d’alcôve tapissée de soieries chatoyantes, contenait un lit de milieu à colonnes dorées. Sur les côtés, des fenêtres étroites permettaient d’embrasser un horizon immense.

Souriant de l’étonnement de la jeune femme, le prince la fit asseoir et ferma la porte. Puis il se mit à genoux :

— Ma bien-aimée, dit-il, pardonne-moi cette folie… Je t’aime… autant qu’autrefois… J’ai voulu m’éloigner de toi, la destinée m’a ramené…

— Doucement, elle voulut se dégager, se défendant pour la forme.

— Prince, dit-elle, rappelez-vous… c’est impossible… je ne puis pas…

Mais le jeune homme, l’enveloppant de caresses, continuait :

— Impossible ! Et pourquoi ? Ne nous aimons-nous pas ? Ne sommes-nous pas faits l’un pour l’autre ?… Tiens, Juliette, oublions tout, crois-moi, pour ne nous souvenir que de notre jeunesse et de notre amour… Dis, veux-tu, ma bien-aimée ?

Il s’attendrissait, s’exprimait avec un tremblement dans la voix, exalté encore par ses paroles. Elle, un peu froide, souriait, prise au fond d’une