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ne refusa point, mais elle demanda un délai, voulant accomplir un court voyage : Dans huit jours, le 14 juillet, elle serait de retour. Il lui fit promettre de souper avec lui, ce soir-là… Ce délai permettait à Juliette de congédier le successeur du père Gibard, un boursicotier peu fortuné qu’elle avait pris sur les apparences décevantes d’une liquidation heureuse.

Pendant ces huit jours, Fidé déploya une activité endiablée. On le voyait aller, venir, avec des airs mystérieux, faisant des stations dans les magasins, pressant les tapissiers. Il ne dormait plus. Sosthène Poix prétendit qu’il exposait des chinoiseries à Philadelphie. Le 14, à quatre heures de l’après-midi, il vint exactement en coupé chercher Juliette. Elle l’attendait. Il était tout pâle de bonheur et l’exaltation de ses désirs près d’être satisfaits, lui donnait une sorte de tressaillement nerveux. Ils partirent.

— Où allons-nous ? demanda Juliette.

— Vous verrez, je vous ménage une surprise.

Tournant la tête pour dissimuler l’expression de sa joie, il regardait curieusement Paris en fête, comme s’il eût voulu célébrer sa propre allégresse, les maisons disparaissant sous des nuages de drapeaux multicolores, les lanternes vénitiennes couvrant les fenêtres, les mâts pavoisés richement, et, de tous côtés, la foule se croisant avec un houloulement de vagues déferlantes, où