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gracieusement, le mit à son aise, babillant, inventant des sujets de conversation. Elle demanda des nouvelles de tout le monde, à commencer par Valterre, glissant très délicatement sur la vieille histoire et sur l’aventure bruyante du prince. Puis, sans même attendre des questions, elle fournit des renseignements sur elle-même. Mon Dieu ! sa vie n’était pas compliquée : elle avait fait un petit héritage et, après un bon placement, vivait bourgeoisement de ses rentes, libre de toute attache. Elle ne disait pas, par exemple, que cet héritage, c’était le cadeau d’adieu du père Gibard, et que le bon placement consistait en une part de propriété dans l’exploitation d’une maison de tolérance, rue des Chabanais. Du reste, le prince n’en demandait pas aussi long. Un désir fou de posséder Juliette s’emparait de lui visiblement. Ils déjeunèrent ensemble. Elle, calculait avant de prendre un parti. Elle savait vaguement que depuis quelque temps, Fidé dépensait beaucoup d’argent, mais elle le sondait pour apprécier l’étendue des sacrifices qu’il pouvait encore faire. Lui, soucieux seulement de la persuader, de l’avoir à lui, n’importe comment, promit un petit hôtel, où ils vivraient ensemble. Il ne réfléchissait plus, il la voulait de suite, sans délai. Après s’être un moment défendue, disant coquettement qu’elle devenait trop vieille et qu’elle avait fait ses adieux aux folies, Juliette