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Son idée d’hier était vraiment très bien. Le commissaire avait dû être attrapé.

— Le fait est que pour sa rentrée dans le monde des viveurs, le prince Ko-Ko imaginait un vrai coup d’éclat. Après la mort de Solange, il avait été plongé durant huit jours dans un désespoir profond. Mais Levrault, qui vint le voir, lui remonta le moral. Quand on avait des chagrins — il connaissait çà — il fallait s’étourdir, faire la fête, à mort, jusqu’à extinction. Il n’y avait que ça. En fait de femmes, il appréciait l’homéopathie, uniquement.

Fidé suivit ce conseil, furieusement, et ne s’en trouva pas trop mal. Ce n’était pas qu’il s’amusât beaucoup, mais son esprit étant occupé, sa douleur s’émoussait. Grâce à cette vie enfiévrée, qui lui brûlait le cerveau en fatiguant son corps, il ne demeura plus bientôt, du grand amour qui tenait une telle place dans sa vie, qu’un souvenir mollement attendri, accompagné de regrets doux et de plus en plus vagues. Dans une nuit où le champagne coula à flots, il rencontra Estourbiac, son ancien adversaire, devenu reporter théâtral au Forban. Le journaliste, quoiqu’on ne lui connût aucune ressource, menait, lui aussi, la Grande Vie. Il portait des fourrures superbes et sa poche semblait un réservoir à louis inépuisable. Sosthène Poix racontait bien une histoire de femme assez douteuse, mais c’était peut-être