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lard accablé, et Fidé, heureux de son prochain départ, mais attristé par la douleur paternelle, reprenaient le chemin de Yedo et il semblait au jeune homme endormi, et secoué par le mouvement régulier des porteurs que déjà il était bercé par des vagues, chantant joyeusement à son oreille le clapotement des mers européennes.

Ils ne demeurèrent pas longtemps à Yedo, seulement le temps nécessaire pour que Fidé pût recevoir les dernières instructions officielles et réaliser des valeurs de banque.

De plus en plus triste, Taïko-Naga passait hautain et silencieux dans ces rues fermées naguères aux étrangers, où allaient et venaient les fiers samouraïs à deux sabres, et où, maintenant, se promenaient des todjins, l’air insolent, dédaigneux de l’étiquette japonaise, mettant dans les tonalités soyeuses des costumes nationaux, la tache sombre de leurs grossiers vêtements, qui semblait au vieillard l’emblème de leur civilisation, ternissant l’éclat des mœurs indigènes.

Malgré toutes les explications de son fils, il ne consentit pas à prendre le chemin de fer pour aller à Yokohama. Ils parcoururent encore la route en norimon.

Lorsqu’ils arrivèrent, dans la rade tranquille formée par la baie de Yedo, se balançait gracieusement, aux poussées des vagues montantes, le paquebot qui devait, le lendemain, emporter aux